1.
Lisiez-vous d'autres livres-jeux que les vôtres ?
Avant d'écrire mon premier, bien sûr, j'ai dû. Mais je connaissais déjà bien
l'idée, parce qu'il existait toute une branche de « donjons solo » durant les
premiers jours de Donjons&Dragons, et c'est de là que Livingstone & Jackson ont
tiré l'idée. Cependant, je préfère généralement l'interaction sociale que permet
le jeu de rôle, et je ne peux donc pas me décrire comme un fan de livres-jeux.
Je suis trop impatient pour faire un bon lecteur de livres-jeux.
2. Quel est votre
auteur de livres-jeux favoris ?
Dave Morris.
3.
Quel est votre livre-jeu favori ? Heart of Ice.
Je l'aime tellement que lorsqu'il a été épuisé, je l'ai réédité.
4. Avez-vous rencontré d'autres auteurs ? En
connaissez-vous personnellement ?
Eh bien, j'ai bien sûr rencontré Steve Williams. Et puisque je travaillais pour
eux, j'ai rencontré Livingstone et Jackson. J'ai même un droit à un voyage à
Nottingham à l'arrière de la Porsche de Ian Livingstone, une fois. Et je suis allé chez lui
plus tard pour un repas, et pour discuter d'un jeu téléphonique.
Lorsque j'ai commencé à travailler pour Games Workshop en 1985, mon supérieur
immédiat était Peter Darvill-Evans, et Clive Bailey and Jon Sutherland
travaillaient avec moi. Oh, et bien sûr Marc Gascoigne, que j'avais connu avant
Games Workshop, grâce à des fanzines. Je me souviens être allé à une fête chez
Jamie Thomson pendant que j'étais à Games Workshop, mais je ne l'ai vraiment
connu que quelques années plus tard, lorsque j'ai commencé à jouer
à Tekumel
(créé par Dave Morris) avec Jamie, Mark Smith et Oliver Johnson. Oh, et je
connaissais Graham Staplehurst, avec qui j'ai co-écrit les livres de la série
Robin of Sherwood, grâce à des fanzines. Ce sont les seuls que je vois pour le
moment.
5. Que pensez-vous des livres-jeux aujourd'hui ?
Quels livres-jeux ?
Je pense que Wizard ne va pas tarder à s'effondrer, et ce sera la fin des
livres-jeux en anglais. En ce qui concerne les autres langues, je n'ai pas vu
d'argent venant de Gallimard depuis des années, mais peut-être que ce n'est dû
qu'au fait que Steve Jackson a racheté les droits sur les traductions des DF à
Penguin, ce qui me semble discutable d'un point de vue légal.
6. La question : « Que
pensez-vous des livres-jeux aujourd'hui ? » était supposée signifier « Quel
regard posez-vous sur les livres-jeux, maintenant que dix ans se sont écoulés
depuis leur disparition ? »
Ah, je vois ce que vous voulez dire.
Eh bien, je vois les livres-jeux comme un phénomène intéressant d'une certaine
période. Je déteste dire ça, mais je pense qu'ils partagent avec les jeux de
rôle sur table un aspect éphémère. Dans les faits, ils furent tous deux tués par
les ordinateurs. Les ordinateurs peuvent faire la même chose que les livres-jeux
(et les RPG), et mieux. D'un autre côté, il m'arrive de chérir les éléments que
les ordinateurs ne peuvent pas offrir. J'aime les livres. J'aime la physicalité
; j'aime la simplicité.
Les livres-jeux font partie de la culture populaire, sans aucune prétention
artistique, et je trouve pourtant que certains aspects dans la façon dont ils
construisent une narration très excitants et stimulants. J'aime en particulier
la façon dont ils disent clairement que le lecteur participe à la création d'une
histoire. C'est vrai pour toutes les histoires, mais c'est généralement
dissimulé par le culte de l'auteur.
D'un autre côté, les livres-jeux rendent plus évidente l'importance de la
contribution créative du lecteur. Plus à ce sujet dans ma réponse à la question
suivante.
J'ai sans doute plus de sympathie envers les livres-jeux aujourd'hui qu'à leurs
débuts, ou même lorsque j'en écrivais. Je pense qu'on pourrait faire beaucoup
d'autres choses avec eux, mais je ne pense pas qu'elles existeront jamais : la
créativité qui pourrait faire quelque chose a été canalisée dans les entreprises
informatiques.
7. Êtes-vous
toujours en contact avec Steve Jackson, Ian Livingstone, ou d'autres auteurs de
livres-jeux ?
Pas Steve Jackson, ni Ian Livingstone. J'ai reçu une lettre de Steve me disant qu'il possédait
désormais les droits sur les traductions des DF, ce qui m'a paru plutôt douteux.
Il m'a envoyé un chèque, avec une description peu adéquate de ses raisons. Son
comportement me paraît très suspicieux : on dirait qu'il a agi ainsi pour
pouvoir affirmer plus tard que j'avais accepté un marché douteux en acceptant le
chèque. Je crois que j'ai encore le chèque quelque part, donc on ne peut pas
dire que j'aie accepté le marché.
J'ai vu Steve Williams une fois ou deux, et j'ai échangé des mails avec son
frère (jumeau) il n'y a pas si longtemps. J'ai des relations plus suivies avec
Dave Morris.
Note :
Tékumel est un univers inventé par M.A.R. Barker basé sur l'Inde antique, le
Moyen-orient et les civilisations aztèques et maya. Il a donné naissance à de
nombreux jeux de rôles. Voir aussi
http://en.wikipedia.org/wiki/Tekumel (en anglais). Retour à l'interview en
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